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T.D.H. n°1: L’âge ne rend pas aimable

Tribulations d’une hôtesse, késako?

J’inaugure aujourd’hui une nouvelle catégorie intitulée « Tribulations d’une hôtesse ». Et oui, j’ai été, et je suis hôtesse par intermittence depuis près de 7 ans! Et je dois vous dire que mon CV en la matière est assez conséquent. J’ai eu la chance et parfois le malheur de travailler pour des entreprises de renom. Je me suis farcie les interminables showrooms de Chloé, en compagnie de commerciaux aussi glacials que l’hiver parisien, j’ai été pompette en charmante compagnie au cour des événements presse de Swarovski, j’ai bu du très bon café pendant mes missions Nespresso, je me suis déguisée en spartiate pour Playstation… Et j’en passe. Aujourd’hui, à bientôt 26 ans, je suis encore hôtesse. L’écrire ici est encore plus difficile à accepter que les longues heures restée debout à passer pour une plante verte. Mais c’est comme ça. Être hôtesse m’a aussi beaucoup dépannée. Le fait d’être au plus bas à l’échelle d’un événement, permet d’entendre, de réfléchir, et d’écrire. Dans cette rubrique donc, je vous parlerai de ce métier, des rencontres que j’ai pu faire, mais surtout des situations, souvent assez cocasses.

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L’Oréal, parce qu’ils le valent bien!

J’ai eu l’occasion de travailler pour L’Oréal, le leader mondial du cosmétique. Nous étions plus de 80 hôtesses et hôtes, levés à 5h30 pour les plus chanceux, arrivés sur place à 6h30, devant la cliente à 7h30 précise, les cheveux laqués et tirés en arrière. L’organisatrice nous explique qu’il s’agit d’une réunion d’actionnaires: un événement annuel très important pour l’entreprise (si on peut encore parler d’entreprise, tant la famille de produits et de marques est importante). Ainsi, je me suis rendue compte que pratiquement tous les produits cosmétiques favoris de ma salle de bain appartennaient ou appartiendront un jour à ce titan de la beauté. Giorgio Armani, Kérastase, Kiehl’s, Garnier, L’Oréal Paris et L’Oréal Professionnel, Maybelline, Laboratoires Vichy, Biotherm, La Roche-Posay, Lancôme, Helena Rubinstein, Ralph Lauren, Cacharel, Shu Uemura, Redken et SoftSheen Carson, et je dois en oublier certainement. Lors du brief de début de mission, j’ai tout de suite pensé que ces actionnaires bien chanceux, devaient ressembler aux pontifes du CAC40, que l’on peut croiser dans le quartier de La Défense. Que Nenni! Il faut d’abord comprendre qu’il existe plusieurs types d’actionnaires. Tout d’abord les célèbres Bettencourt (29,79%), Nestlé (29,58%), les actionnaires individuels qui représentent 5,34% et les salariés (73%)*. Ceux qui m’intéressent et qui sont l’objet de ce post sont les actionnaires individuels. Ils composaient 90% des 1700 personnes présentes à l’Assemblée. Pour résumer, ils ont tous plus de 80 ans, bossus, dans l’incapacité de regarder autre chose que le sol. Lorsqu’ils approchent, une forte odeur de rance se répand un peu partout. Ils ont souvent des béquilles, d’énormes sacs shopping Carrefour, et une dégaine qui rappèle plus le paysan que l’actionnaire. Pour celles et ceux qui pense que je suis une méchante fille, qui fustige de vieilles personnes, je tiens à expliquer ces propos plutôt virulents, mais qui me font rire tant la scène était loufoque. Lorsqu’on leur demandait de passer par un endroit, plan Vigipirate oblige, compte tenu des événements de Boston, ils criaient, grinçaient des dents, insultaient même quelques collègues, puis n’écoutaient rien, et passaient quand même par là. Lorsqu’on leur annonçait que le buffet était fermé  parce qu’ils étaient en retard, ils vociféraient en balançant leur carte d’handicapé à la figure. Oui, ces messieurs les actionnaires ont tous leur statut d’handicapé, et les aides de l’État qui vont avec. Aussi économes qu’ils sont crasseux, ils ne manquent pas d’ouvrir leur grand cabas de courses pour y mettre par dizaine les viennoiseries prévues pour l’événement. Enfin, lorsqu’on leur parle du vote prévu ce jour, ils prétextent un rendez-vous chez le médecin pour rentrer, manger, prendre leur sac de goodies (parfum, crème de jour, shampoing), et repartir aussitôt.

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Avec mes collègues, nous avons eu un bonheur immense à rencontrer les actionnaires L’Oréal. Ils font la fierté de notre chère patrie la France. Un symbole de réussite pour tous. Bon je suis dure, mais c’est ce que j’ai pu constater de manière générale*1 pendant cette matinée, et j’avoue avoir été un peu dégoûtée par la mentalité du « quand j’en ai beaucoup, il m’en faut plus ». Quand je pense, que je connais des jeunes qui eux aussi pourraient bénéficier du statut d’handicapé…

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En quelques mots, comment ressort-on de cette mission? Et bien écoeuré, mais les charmants organisateurs ont pensé à tout en nous laissant aussi des goodies, dont le nouveau parfum La vie est belle de Lancôme. La vie d’hôtesse peut-être belle après tout…

*Source: Les Echos Bourse. Je ne cite pas tous les actionnaires. Pour avoir la liste complète, se référer à la source.

*1: Je précise le « de manière générale », parce que je n’aime pas mettre dans des cases les gens, et je suis sûre qu’il y avait aussi des personnes très plaisantes. De plus, j’ai dit plus haut que ces actionnaires individuels ne représentent que 5,34% des détenants de tous les titres L’Oréal.

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‘Le Bateau ivre’

« Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau…

Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
O que ma quille éclate ! O que j’aille à la mer !

Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai. »

Le premier post. Le plus difficile sans doute. Je suis amatrice de blogs depuis un petit moment maintenant, et lorsque je commence à en suivre un régulièrement, je ne peux m’empêcher d’aller jeter un oeil au premier article. On y explique souvent ses motivations, on y présente ses centres d’intérêt, on comprend le pourquoi. Oui, après tout, pourquoi vouloir partager son quotidien, ses pensées, ses idées et autres avec des inconnus? Est-ce que ce blog aura une vraie légitimité dans la « blogojungle »? Ai-je vraiment des choses à dire? Bref, autant de questions qui m’ont poussée à ne pas sauter le pas. Et puis, un jour, cela devient une évidence. « Il faut que je fasse quelque chose de ces dix doigts, qui tambourinent le clavier! » Un événement, mais que je ne dévoilerai pas tout de suite.  Ensuite, vient le moment de choisir et d’expliquer le nom du blog. Pour moi ce sera « le canard ivre ». Je n’ai pas longuement hésité. À vrai dire, je me rappelais d’un long poème d’Arthur Rimbaud que j’avais appris au collège. Il s’appelait Le Bateau ivre. Il raconte comment un bateau rompt ses amarres, et retrace les aventures maritimes de l’épave à la dérive. Lorsque j’ai re-découvert cet enchaînement de tableaux de la mer, qui se suivent, se chevauchent, se superposent, je me suis laissée remplir par ce spectacle étourdissant. Ivre ou plus lucide, je me suis appropriée cette allégorie de la révolte, cette nostalgie d’une autre époque, cette « plénitude du grand songe ». Un peu comme le bateau, je pars à la dérive. Espérons que la mer sera clémente.

En un mot, je ne sais pas où toute cette histoire de blog va m’amener, mais j’ai pas mal de choses en stock. Aussi décousues que moi, elles peuvent ne pas avoir de lien entre elles, elles peuvent se ressembler. Le seul impératif sans doute que je me suis fixée, c’est de m’amuser, d’oublier les tabous, et de partager…

À bon entendeur!

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