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T.D.H. n°2: À quoi pensent les hôtesses lorsqu’elles sourient?

21/05/2013

Say cheese!

« Et puis, soyez souriantes…! » Cette petite formule ponctue chaque phrase des « bookeuses ». J’entend par « bookeuses », les « chargées de production » comme elle aiment s’appeler, les filles qui s’occupent de mettre en place une mission. Elles sont le lien entre les hôtesses qu’elles recrutent, et le client. Et ce client bien sûr, il veut des sourires à foison, en grappe, et même en collier. Alignées comme des dents, les hôtesses prennent racine sur leurs aiguilles, en rabâchant les formules de politesse. « Je vous souhaite la bienvenue Monsieur », « Souhaitez-vous laisser un vestiaire Monsieur? », « Mais je vous en prie Monsieur », « Merci Monsieur »…

Mais qu’en est-il réellement? À quoi pense l’hôtesse lorsqu’elle sourit à s’en briser la mâchoire? Si montrer ses dents exprime généralement le sentiment de bonheur, il est aussi possible d’avoir une dent contre quelqu’un ou de montrer les dents. Voici donc, mon top dix des pensées qui se cachent derrière les sourires de l’hôtesse.

 

Le Top 10 des sourires d’hôtesse

 

10. « Oups je crois qu’il a vu que je n’étais pas sincère. » C’est ce que se dit l’hôtesse lorsqu’elle y a été un peu fort. Ici, le sourire est carnassier, et souvent suivi d’un petit rire strident.

9. « Oui et bien non, je n’ai pas passé une bonne soirée. Moi, je t’ai regardé picoler. » Lorsque l’hôtesse travaille de nuit, elle s’attend à recevoir des personnes qui viennent s’amuser. En quelques heures, les invités s’encanaillent à coup de grandes rasades d’alcool, et de petits fours. L’hôtesse est censée avoir fini sa mission depuis trente minutes, mais quelques personnes ont décidé d’investir la piste de danse. Lorsqu’ils sont enfin poussés vers la sortie, il y a toujours quelqu’un pour dire: « Ouf, quelle soirée! On s’est bien amusés hein les filles? »

8. « 1, 2, 3, 4, 5… Il y a cinquante femmes qui portent des talons de plus de 8 cm… » L’hôtesse n’est pas très brillante, autrement, elle ne serait pas hôtesse. Néanmoins, grâce à son métier, elle apprend à compter, classer et chanter. Lorsqu’elle doit rester debout devant une porte, il lui arrive de s’ennuyer. Les yeux dans le vide, elle se met alors à compter. Puis, elle se rend compte de ce qu’elle est en train de faire. Elle cherche alors à catégoriser. Elle ne compte que les femmes portant des talons de plus de 8cm, puis celles ayant eu recours à la chirurgie esthétique. Enfin, elle fredonne le tout, en souriant bien sûr.

7. « Je n’ai plus de pieds, je ne vais jamais tenir! » Souvent, l’hôtesse sourit pour détourner l’attention du client. Elle se dit: « Si je lui fais un grand sourire, il ne remarquera peut-être pas que j’ai enlevé mes talons ». Elle se dandine de gauche à droite, pousse des petits gémissements lorsque personne ne l’observe, regarde ces pieds en forme de pointe. Et lorsqu’on lui demande si ce n’est pas trop difficile de tenir toute une journée debout sur ses échasses, elle sourit de nouveau en faisant valoir ses compétences: « Vous savez, c’est une question d’habitude! »

6. « Non je ne suis pas plombière, ni informaticienne. Et je ne suis pas ta bonniche aussi. » L’hôtesse est payée pour sourire, et c’est tout. Elle peut tenir un vestiaire, remettre un prix, prononcer quelques merci, mais au delà de ces compétences, elle ne répond plus de rien. C’est que certains confondent parfois hôtesse et bonniche. Engoncée dans son tailleur démodé, elle ne peut techniquement répondre à toutes les demandes. Ainsi, elle décline systématiquement d’un sourire, les propositions de faire le ménage, porter des cartons qui font son poids, réparer une lumière ou un ordinateur. Et pour les cafés, et bien le plus souvent, il y a un maître d’hôtel. Et lorsqu’il s’éclipse cinq minutes pour aller aux toilettes, il suffit d’appuyer sur le bouton « on ».

5. « Si, si donnes moi de l’eau s’il te plaît! Je suis aussi sèche que les jambes de mémé. » Après quelques heures à donner des indications: « Le vestiaire est sur votre droite. Vous descendez les premiers escaliers, et ensuite vous tournez sur votre gauche… », l’hôtesse est complètement déshydratée. Elle commence à déglutir avec peine. Elle remarque aussi l’écume qui se forme sur les bouches de ses autres collègues. Il lui faut absolument un verre d’eau. Le problème est qu’elle n’a pas le droit de boire devant le client. Alors, lorsque quelqu’un lui propose un verre, elle sourit poliment en lui indiquant qu’elle n’a pas soif.

4. « Mais comme t’es pas drôle! » Il arrive souvent que l’hôtesse doive supporter la compagnie d’invités indésirables. Des intrus oui, parce que personne ne semble vouloir leur tenir compagnie. Mais pourquoi donc? Ces invités ont très souvent trop mangé de Gad Elmaleh au petit déjeuner, ou ont pensé qu’ils seraient enfin drôles, en apprenant par coeur les Petites Annonces d’Élie Sémoun. Pas de bol, ça ne fonctionne pas. Néanmoins, l’hôtesse qui est payée pour sourire, accompli son devoir avec professionnalisme: rire de tout avec n’importe qui.

3. « Mais tu me prends vraiment pour une c***e ». L’hôtesse reçoit souvent des instructions du client. Ce dernier lui fait part des événements qui vont suivre, et des missions qu’elle sera amenée à remplir. Il s’agit souvent de récupérer des boitiers de vote à la fin d’une Assemblée générale, d’effectuer un passage micro, ou d’indiquer le chemin à suivre. Mais parfois, le client se perd dans les explications. Ah non, j’oubliais! Il parle à une hôtesse. Il prend soin de bien articuler et de mimer ce qu’il dit: « Les invités arrivent par la gauche. Donc c’est de ce côté-ci, vous voyez? » – « Merci, aujourd’hui j’ai enfin appris où se trouvait ma gauche ». L’hôtesse un peu gauche, sourit de cette charmante attention.

2. « C’est vraiment la dernière fois que j’accepte une mission. » Lorsque l’hôtesse n’en peut plus, elle se confie à ses collègues. « Ce n’est pas possible de nous laisser dans le froid sans manteau à attendre! » Oui, en hiver, l’hôtesse est souvent malade. Elle a calculé que 23 euros, c’est ce qu’elle gagne en presque trois heures. Lorsqu’elle demande au client de mettre le chauffage, il répond que lui aussi a froid! L’hôtesse sourit poliment et promet d’arrêter de se rendre malade pour être hôtesse. Une semaine après, elle accepte une nouvelle mission à la sortie du métro.

1. « J’EN PEUX PLUS! P****N DE M***E… AAAAAHHHH! Abandon de poste ce n’est pas si grave? » Voici la pensée numéro une qui se cache derrière le sourire d’une hôtesse. À chaque mission, cette dernière ne peut s’empêcher de penser au moment où elle va tout plaquer. C’est en quelque sorte le rêve de l’hôtesse. Elle a froid, ses pieds lui font mal, elle est debout comme un piquet depuis six heures, et on lui annonce que sa pause est repoussée. L’hôtesse hurle alors intérieurement, mais elle sourit toujours extérieurement.

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